Témoignage pathétique de Mariame Sy Satina sur le massacre du 28 septembre: “On a marché sur des cadavres au stade du 28 septembre”

Témoignage pathétique de Mariame Sy Satina sur le massacre du 28 septembre: “On a marché sur des cadavres au stade du 28 septembre”

Lors de son passage dans l’émission “On refait le monde” de Djoma média hier mardi, Madame Sy Mariame Satina Diallo, présidente du Comité de normalisation du football Guinéen CONOR a fait un témoignage pathétique sur les événements du 28 septembre 2009 qui a fait plus 157 morts selon les Nations Unies, dont le procès est en cours de jugement.

Présente ce jour au stade du 28 septembre, cet ancienne membre des forces vives de l’époque revient sur sa mésaventure.

“C’est toujours très difficile d’en parler parce que d’abord je faisais partie des forces vives. À l’époque j’étais membre du bureau du CONOSG Been Sekou Sylla. Il y a eu un comité d’organisation qui était géré par les politiques, Bah Oury et Bakary Fofana qui était à l’époque le président du CONOSG. Donc, ils ont fait le programme des interventions. Je pense que la RTG a encore l’image parce que je suis passée avec Fodé Tass Sylla 2009-2010. Moi je défendais 2009, lui il défendais 2010 dans une émission à la RTG. Ce jour d’ailleurs, Dadis m’avait appelé, il a cherché mon numéro pour me dire, mais Madame qui êtes-vous, parce que j’ai eu le courage de dire à la RTG à l’époque qu’il fallait qu’on fasse des élections en 2010 pour qu’il parte. Il m’a fait appelé Papa Koli Kourouma, il me dit, mais vous êtes courageuse Madame. Je lui a dit, j’ai dit ce que beaucoup pensent Monsieur le président. Il me dit, vous avez parfaitement raison. Après je suis allée à Dakar, je suis revenue à la veille du 28 septembre. J’avoue que mon mari qui a fait l’armée m’avait dit, n y va surtout pas, il ne voulait même pas que je revienne en Guinée. Je lui ai dit, j’ai des choses à faire en Guinée parce qu’on s’était engagé, la société civile qu’il fallait qu’on aille au stade. J’arrive la veille, c’est Bakary qui m’appelle pour me dire qu’ils ont décidé avec les syndicats de ne pas aller au stade, de laisser les politiques parce que c’est un problème politique. Je dis, on fait des réunions, on s’est entendu sur ça et la dernière minute, maintenant on décide qu’on ne va pas, j’ai non, moi je ne peux pas faire ça. Ce que je dis là, j’ai des témoins parce que lorsqu’il m’a appelé il y a Madame Penda qui était ministre et Nanfadima Magassouba. Elles m’ont trouvé entrain de parler avec Bakary au téléphone. Je lui disais pourquoi vous changez d’avis à la dernière minute, il dit non, parce que c’est de la manipulation, il faut qu’on évite des politiques. Je dis oui on s’est entendu. Moi j’ai dit que j’irai, n y va c’est dangereux, je dis non j’irai. Deux (2) après c’est le jeune  Alhassane Camara de “ma cause” qui m’appelle pour me dire que Madame on veut y aller demain, nous les jeunes de la société civile, mais on n’a pas d’eau. Je dis, allez-y, je vais vous donner de l’argent et c’est cet argent qui m’a sauvé. J’ai dit, je vais vous donner de l’argent pour acheter à boire. J’avais un petit sac sur mon cou, j’ai mis le franc CFA que j’avais parce que je suis rentrée à la veille je n’avais que le franc CFA sur moi, a t-elle expliqué.

Et d’ajouter: “Le matin, je me suis réveillée très tôt, à 6heures du matin il y a plus de voitures. On est parti au stade, au moment où je quittais chez Penda qui habitait Dixinn. Au moment où je rentrais au stade, j’étais avec Madame Ramatoulaye Sow et Madame Touré qui était à l’époque la présidente des femmes de l’UFDG. On est monté ensemble et lorsqu’on rentrait au stade vers 10h, il y a une belle ambiance. Donc, nous sommes venues, toutes heureuses, on chantait, on dansait et puis on est monté les gradins, on est allé très haut. Et subitement, j’ai entendu des coups de feu, je retourne la tête, je regarde, je voyais les jeunes qui tombaient sur la pelouse comme ça. J’ai frotté mes yeux, j’étais avec l’un des mes neveux. J’ai frotté mes yeux, des dames là m’ont dit, mais ils sont entrain de tirer. J’ai vu tout le monde qui partait maintenant, ça courait de tous les côtés. J’étais tellement surprise que j’ai mis ma tête sous mes genoux pour ne plus voir ça et lorsque j’ai relevé ma tête, tout le monde était parti. Il ne restait plus que mon neveu là et moi aux gradins parce que moi je suis restée là, je disais ce n’est pas possible. La seule dont je me souviens, c’est que j’ai eu le temps d’appeler à l’époque, le représentant de la CÉDÉAO qui était Monsieur Aïna. Je lui ai dit Monsieur Aïna, écoutez ils sont entrain de nous tuer au stade, j’ai mis le téléphone et il a entendu, il était au Nigeria. Donc, j’ai pu informer la CÉDÉAO des événements du stade. Il me dit quoi? Je dis, vous entendez, j’ai filmé un peu et lui ai envoyé. Et je me suis couchée, mon petit neveu qui était avec moi, me dit tante allons-y. On s’est mis à courir maintenant pour descendre les gradins, il y avait des policiers qui étaient arrêtés et c’est là, on nous donnait les coups de matraques. Je ne savais pas comment j’ai pu descendre des gradins. On a voulu escalader le mur, les enfants avaient essayé de m’aider à escalader le mur, après ils disent qu’ils ne peuvent pas parce que je suis plus lourde. Maintenant, il fallait qu’on court dans le stade pour chercher à sortir du stade, c’est là où j’ai vu tout ce que les dames et les messieurs sont entrain de relater. Les sabres qui passaient parce tu voyais les éclairs, on a couru, on a marché sur des cadavres au stade du 28 septembre. En courant, il avait un champ de patates à l’intérieur du stade, je me souviens de ce champ de patates.  C’est là-bas où j’ai rencontré Soriba Sorel Camara l’ancien gouverneur de la ville de Conakry. Lui jusqu’à son décès, à chaque fois qu’on se voyait, on se jetait les bras l’uns de l’autres et on pleurait parce que on s’est rencontré là, on était pieds nus, on courrait, on cherchait une sortie. Et j’ai rencontré Aliou Condé de l’UFDG, je lui dis Aliou, tu as vu ça, il me dit Mariame, je ne vais jamais oublier ça, il me dit c’est le prix de la liberté. On avait continué à courir. Un moment la foule a fait tomber des tôles qui étaient dans le stade parce qu’il y avait un chantier dans le stade», a t-il indiqué.

Poursuivant Madame Sy a tenu à préciser:

“Lorsque la masse a fait tomber ces tôles, moi je suis tombée par deux fois. Ce sont des jeunes qui sont venus, qui m’ont tiré, ils m’ont tantie faites attention pour ne pas tomber. Je suis tombée, on m’a relevé, j’ai couru, je suis retombée une deuxième fois et c’est là où, lorsque j’ai été relevée, les jeunes ont couru. J’ai vu trois jeunes armés qui avaient leurs pistolets et qui étaient habillés en tenue militaire. Il y avait 2 qui étaient en tenue kaki, il y avait qui était en tenue policier. Donc, une fraction de seconde, j’ai vu celui était plus propre, parce qu’ils étaient face de moi, ils ont pointé le fusil sur moi. Je disais tantôt que j’avais un sac où j’avais de l’argent sur mon cou. Pendant tout le temps que je courrais ce sac est resté là. J’ai encore ce sac en souvenir avec le sabre du stade. Je dis, mon fils tué-moi ou sauve moi. C’est ça je lui ai dit, tue ou sauve moi. Je lui ai dit prend l’argent qui est là. Peut-être il m’écoute, peut-être il s’en souvient, je ne sais pas. J’aimerais bien rencontré ce petit parce qu’il m’a sauvé la vie, qu’il me contacte. Je connais ton visage, ce visage je ne l’ai jamais oublié. Il a pris l’argent, au moment où il prenait l’argent les autres sont venus, ils disent que c’est qui ça? Ils me tapaient, il a laissé là c’est une journaliste. C’est ça qui m’a sauvé. Comme ils ont vu qu’il a pris l’argent, ceux aussi ce sont jetés de ça, ils se servis. Ils étaient tous habillés en tenue militaire. Donc, le jeune m’a entouré, mais les autres m’ont tapé. Je vous assure que mon corps était tout noir. Ils ont pu me sortir de là, entre temps les tôles sont tombées, le jeune m’a poussé et m’a rentré dans la famille en face du stade. C’est là où la famille là m’a accueilli et m’a versé au moins 10 chauds d’eau pour enlever la boue qui était en moi. Ils m’ont couché dans la chambre de la dame, c’est là où Hadja Fatoumata Marela de l’UFDG m’a trouvé qui avait subi le même sort que moi. On a appelé la Croix rouge, ils sont venus nous chercher. On nous a envoyé à l’hôpital Ignace Deen où le docteur Fodé Marréga nous a donné les premiers soins. Donc, c’est de là que mon mari a pris que j’étais au stade. Il a appelé, il n’en redevenait pas. C’est lui qui m’a envoyé le billet pour dire qu’il faut l’amener dans le premier vol pour qu’elle rejoigne ici à Dakar. Quand je suis partie à Dakar, je pouvais à peine parler et marcher. Mais avant d’aller à Dakar, je suis allée voir le médecin, Monsieur Camara qui est à la clinique Chinoise qui m’a donné les premiers soins parce que mes pieds étaient blessés. J’ai quitté Ignace Deen pourquoi, parce qu’on nous a dit que les militaires venaient pour prendre des personnes surtout les femmes. Donc je suis sortie de là-bas, je suis rentrée chez ma sœur, je n’ai même pas osé revenir chez moi. De là-bas, elle m’a amené chez le professeur, le professeur m’a dit Madame, il faut quitter la Guinée toute de suite. Il m’a fait la radiographie que j’ai toujours et il m’a donné les premiers soins et lorsque je me suis embarqué, je suis partie. J’ai fait le témoignage, j’étais le contact de la CÉDÉAO à Dakar. C’est pour cela que j’ai participé à toutes les négociations d’Abuja et de Ouagadougou. Le premier témoignage qu’on a fait, la rencontre qu’on a faite avec le groupe de contact international, j’étais là. Ce jour encore , j’ai témoigné avec Alpha Barry qui encore correspondant de RFI. J’ai demandé qu’on condamne le régime de Dadis Camara au nom de la Guinée, au nom des femmes de Guinée” a t-elle souligné.

Camara Mamadouba

611 46 04 10

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