Karamo Mady Camara: ”La manière dont notre système judiciaire fonctionne, n’est pas la bonne manière”
Dans son discours de prise du pouvoir le 05 septembre 2021, le Général Mamadi Doumbouya a promis aux guinéens que la «justice sera la boussole de la transition». Plus trois (3) ans après cette promesse du président de la transition, comment la justice guinéenne se porte t-elle aujourd’hui?
Interrogé sur cette question par nos confrères de la radio Nostalgie Guinée dans l’émission «Africa 2015», Karamo Mady Camara, juriste et consultant, a indiqué que la justice guinéenne ne fonctionne pas bien.
“Les chemins qui mènent à Rome sont pavés de bonnes intentions. Tout au début, l’on a estimé que le discours qui a été tenu le 05 septembre était un discours novateur, un discours réformateur, mais le maçon est toujours évalué au pieds du mur. Je vous laisse vous-même, faire le constat entre ce qui a été annoncé et ce qui est fait. Et d’ailleurs, le ministre de la justice lui-même a fait son mea-culpa en affirmant que la juridiction spéciale qui a été créée pour lutter contre délinquance financière n’a pas répondu aux attentes. Elle n’était pas mise à la hauteur de l’espérance qui était portée en elle. Ça, c’est un aveux d’échec, c’est un aveux de faiblesse. Vous avez d’autres personnes qui croupissent dans les geôles guinéennes qui ne sont pas encore jugées, qui sont dans les procédures interminables. Tout cela vient remettre en cause véritablement la manière dont la justice se porte dans notre pays. Il est à la tête département de la justice et des droits de l’homme, mais vous-même regardez aujourd’hui, les violations des droits de l’homme auxquelles nous assistons dans le pays. Est-ce que cela est conforme avec «justice boussole de la transition»? Je vous laisse apprécier”, a t-il souligné.
À la question de savoir, face dysfonctionnements répétés de la justice, le ministre de la justice doit-il rendre le tablier? M. Kramo Camara répond:
“Chaque prise de position est une affaire de conviction personnelle, moi je ne peux pas répondre à sa place. S’il estime qu’il est confortable dans ce qu’il fait, qu’il continue à exercer ses fonctions jusqu’à ce que celui qui l’a nommé prenne sa responsabilité en le démettant. Ou bien celui l’a nommé estime aussi qu’il n’est pas entrain de faire le boulot comme cela se doit, il peut en tirer des conséquences. Dans l’un ou dans l’autre des cas, moi je ne défend rien, je constate simplement et je définis que la manière dont notre système judiciaire fonctionne, n’est pas la bonne manière. Nous ne pouvons pas avoir une institution judiciaire qui fonctionne correctement si celui qui dirige cette institution marche à l’envers. Ce n’est pas possible. Vous ne pouvez pas avoir une institution qui marche correctement pendant que ceux qui dirigent cette institution marchent à l’envers. Ça ne peut pas fonctionner, il faut véritablement qu’on s’arrête un moment, qu’on fasse un introspection, qu’on fasse le bilan de ce qui a marché et de qui n’a pas marché. Qu’on tire des enseignements et on se projette. L’erreur peut être humaine, mais il faut que vous ayez l’humilité, l’amabilité et la responsabilité de reconnaître parfois qu’on s’est trompé et qu’on se remette en cause revenir à la raison”, a t-il indiqué.
Camara Mamadouba
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