Prof Bano Barry: «La question ethnique en Guinée est éminemment politique»
En République de Guinée, la question ethnique est souvent cataloguée comme un facteur qui freine le développement du pays. Pour preuve, la plupart des formations politiques qui animent l’arène politique guinéenne sont constituées de leurs communautés. Une réalité qui poussent certains observateurs à dire que le problème majeur de la Guinée est lié à l’ethnocentrisme.
Selon Amadou Bano Barry, sociologue et professeur d’université, le problème n’est pas lié à l’ethnie.
«Les guinéens ne sont pas plus ethno que les Maliens, les Sénégalais, les Ivoiriens. Ce n’est pas vrai ! Si vous quittez ici, vous partez dans un village, vous trouvez un père et une mère.Vous serez accueillis,hébergés et nourris. La question ethnique en Guinée est éminemment politique et se situe à trois (3) niveaux: le président de la République, les postes à nomination dans l’administration et les marchés publics. C’est ça la question ethnique et ça, c’est pour contrôler les ressources de l’État. Et ça également résulte du fait qu’on a un système politique qui fait que le président remplace Dieu dans le pays. Il accorde richesse et pauvreté à qui, il veut. L’aboutissement de cela, c’est que si vous pompez jusqu’à avoir un président au pouvoir, vous avez des garanties de vous partager les prébendes de l’État», a t-il souligné sur les ondes de la radio Espace Fm, dans l’émission les GG de ce mercredi, 1er mars.
Poursuivant, l’ancien ministre de l’éducation préconise le changement du système politique guinéen.
«Ce qu’il faut changer, c’est le système politique guinéen. Nous avons pris le modèle français, quand un individu créé un parti, il demande le suffrage universel au peuple, si vous remarquez, les tensions ethno-électorales sont souvent plus importantes au deuxième tour qu’au premier tour. Pourquoi? Parce qu’au deuxième tour, il va se créer des coalitions et pour pousser les gens à aller voter, à se sentir concernés, il faut instrumentaliser la question ethnique. Si la question ethnique en Guinée n’est pas instrumentalisée, dans une élection en Guinée, il n y aurait pas plus de 60% de votants. Il faut donc, booster la question ethnique pour amener le plus grand nombre à se considérer entre le nous et le eux», a t-il martelé.
Camara Mamadouba
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