Succès des écoles privées au bac: “Il y a une propension à étouffer l’école publique, à la dénuder totalement”, Bah Oury.
Le ministère de l’Enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation a rendu, le 15 juillet dernier, les résultats du baccalauréat unique session 2022-2023, avec un taux de réussite 27, 46%. Comme les années précédentes, cette fois-ci encore, ce sont les écoles privées qui se sont illustrées en se raflant trois (3) place des premiers de la République, toute option confondue. Un succès des écoles privées qui relance le débat sur la qualité d’enseignement donnée dans les écoles publiques.
S’exprimant sur cette actualité hier, mardi chez nos confrères de Djoma média dans l’émission “On refait le monde” Bah Oury, président de l’Union des Démocrates pour la Renaissance de la Guinée(UDRD),explique cette situation par fait que les écoles publique sont laissées pour compte par l’État.
“La situation de l’école guinéenne, c’est une catastrophe depuis longtemps. Si vous examinez les statistiques par rapport à l’école primaire, même au niveau de Conakry, vous allez vous rendre compte, que la grande majorité des enfants fréquentent l’école privée et ne fréquentent pas l’école publique. Donc, cela veut dire qu’il y a un problème dans ce pays. Le budget de l’éducation nationale, il sert à quoi? En principe, l’État doit s’occuper de l’ensemble des enfants de la République de Guinée, mais tel n’est pas le cas. Donc, il y a une propension à étouffer l’école publique, à la dénuder totalement. Et, il va de soi, que les résultats qui sont publiés reflètent cette réalité depuis très longtemps. Seule l’éducation nationale est le parent pauvre dans le système éducatif actuel”, a t-il déploré.
Et d’ajouter: “Maintenant qui sont dans le privés? Ce sont ceux qui ont quelques moyens, mais qui se saignent pour envoyer leurs enfants dans les écoles privées. Donc, de ce point vu, ça renforce des inégalités au niveau de la société guinéenne. Au niveau de la capitale, il y a ces inégalités de par l’appartenance à un milieu social, il y a des inégalités entre le monde rural et la capitale et le monde rural et les centres urbains. Cela est la cause principale d’une hémorragie des forces vives, surtout les plus jeunes qui, lorsqu’ils ne réussissent pas à avoir leur brevet et ceux qui s’échinent jusqu’à avoir le bac ou n’ont pas pu avoir le bac, ils prennent le chemin de l’immigration clandestine. Et la majorité des enfants que nous rencontrons dans les rues en France et les enfants qui sont en Tunisie ou dans les déserts, sont les guinéens. Donc, de ce point de vue, la question de l’école est au cœur des différentes inégalités qui ont des conséquences, par rapport à l’immigration clandestine et grâce à Dieu, on n’a pas d’abord un terreau fertile pour le djihâdisme. Donc, la question de l’école, on a fait du capitalisme, on fait de l’argent sur tout, ceux qui doivent gérer l’État, ne pensent aux services publics, ils pensent à tout privatiser et ce sont les conséquences que nous sommes entrain vivre.Si vous voulez avoir une bonne éducation, c’est le privé, si vous voulez bien vous soigner, c’est le privé. Et c’est dommage pour notre pays” a t-il martelé.
Camara Mamadouba
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